La matemática y sus elementos: de Euclides a Bourbaki.
L’objet de cet article est de présenter le manuscrit original, jusqu’alors inconnu, de Cholesky où il explique sa méthode de résolution des systèmes d’équations linéaires. Le contexte historique est précisé après une brève biographie. La méthode des moindres carrés et son application à la topographie, ainsi que les diverses méthodes directes de résolution des systèmes linéaires sont discutées. Ensuite, la diffusion de la méthode de Cholesky est retracée et l’on donne une analyse détaillée du manuscrit...
Certains types d’erreurs de calcul dans les textes numériques babyloniens, aussi bien anciens (époque paléo-babylonienne) que plus récents (époque séleucide), sont récurrents et caractéristiques des nombres à plus de 5 positions sexagésimales. Ces erreurs pourraient donner des indices sur le procédé de multiplication des nombres à plus de 5 chiffres. Les nombres de grande taille seraient coupés en deux morceaux, les morceaux étant multipliés séparément, puis recollés par addition. Cette méthode...
L'article tente d'évoquer le réseau des conditions qui, sur le terreau du scepticisme constructif, permettent l'émergence, dans la deuxième moitié du XVIIème siècle d'une mathématique du probable qui offre les éléments théoriques d'une nouvelle prudence ; il confronte cette émergence aux traces que nous possédons actuellement d'une quantification du probable au XIVème siècle. Le concept central de cette mathématisation est la valeur de l'espérance d'une situation de risque dont le modèle fondamental...
Avant leur célèbre polémique sur la logistique, Poincaré et Russell s’étaient déjà publiquement opposés sur la question du statut des axiomes de la géométrie. Les débats philosophiques de la fin du xixe siècle autour de la géométrie et de la théorie de l’espace influent de manière significative sur la conception et le développement de la géométrie. Le but de cet article est de montrer comment les mathématiques sont mises au service des thèses soutenues par Poincaré et Russell et d’analyser quelle...
Nous présentons deux ouvrages peu connus de N.Bernoulli (1708) et de F.T.Schubert (1794) sur la factorisation des polynômes à coefficients entiers ainsi que les recherches de L.Kronecker et B.A.Hausmann sur le même sujet. La méthode de factorisation de Bernoulli-Schubert utilise le calcul des différences finies et l’interpolation par différences finies. Elle a été redécouverte par Kronecker (1882), qui a utilisé l’interpolation de Lagrange. Les deux procédés permettent de factoriser des polynômes...
La version des Éléments d’Euclide de Campanus (xiiie siècle) n’est pas une traduction mais une recension faite à partir de versions arabo-latines du xiiie siècle et d’ouvrages originaux comme l’Arithmétique de Jordanus. L’étude de la théorie de la proportionnalité numérique du Livre VII montre la nature et l’ampleur du travail de Campanus sur le traité euclidien tel qu’il lui a été transmis. Nous verrons que ses réflexions s’inscrivent dans le projet euclidien lui-même qu’il cherche à expliciter...
Communément associée au nom de l’ingénieur allemand Carl Culmann, la statique graphique a failli, en fait, naître à plusieurs reprises en France. En avance dans un premier temps, les savants et ingénieurs français vont pourtant « rater » l’occasion de devenir les véritables créateurs de cette méthode de calcul graphique. Élaborée pour l’essentiel en dehors de l’Hexagone, la statique graphique va se diffuser en France durant le dernier tiers du xixe siècle comme un produit d’importation et avec un...
Peano écrit en 1888 le Calcolo geometrico. Un an après, il publie I principii di geometria, où il développe, dans le sillage des Vorlesungen über neuere Geometriede Pasch, une axiomatisation de la géométrie. Comment concevoir le rapport entre ce projet et celui du calcul géométrique ? Dans cet article, nous soulignons le profond fossé entre les deux entreprises : alors que l’élaboration d’une algèbre géométrique vise chez Peano à manifester la singularité des grandeurs spatiales par rapport aux...
Au regard de la première partie de son œuvre, D’Alembert est reconnu aujourd’hui comme le fondateur de la théorie des équations aux dérivées partielles. La résolution de ces équations dans le cadre de problèmes physico-mathématiques dans ses neuf tomes d’Opuscules mathématiques (1761–1783) reste cependant peu étudiée par les historiens. Nous examinons ici cette question à la lumière de ses recherches sur les cordes vibrantes et l’écoulement des fluides dans ce corpus tardif. Celles-ci nous permettent...
La statistique contrôlée par le calcul asymptotique des probabilités telle que l’avaient conçue Condorcet à la fin du XVIIIe siècle, Laplace et son École ensuite, s’est trouvée progressivement remise en cause, dès les années 1830, à la fois par les mathématiciens attirés par d’autres théories, et par les statisticiens qui trouvaient ailleurs leurs méthodes et leur légitimité. À peu près seul, Jules Bienaymé s’est fait le défenseur pugnace de la statistique laplacienne qu’il a développée en plusieurs...
Cet article s’intéresse à la façon dont le milieu mathématique français s’est saisi, dans ses travaux, des nouveaux concepts et des nouvelles méthodes de la théorie des ensembles. Nous montrons que cette prise en compte s’inscrit dans un courant propre aux mathématiques françaises, la nouvelle théorie des fonctions, et que, loin d’être marginale, elle se situe dans l’activité classique du milieu. De ce fait, la théorie des ensembles mise en œuvre porte la marque de cette utilisation spécifique et...